Les dernières années ont été marquées par une recrudescence des conflits à l’échelle mondiale, adoptant des formes de plus en plus diversifiées et interconnectées : guerres hybrides, cyberattaques, conflits économiques. La multiplication de ces conflits a profondément modifié le paysage géopolitique. Dans un contexte de globalisation accrue, ces conflits, même lorsqu’ils sont circonscrits géographiquement, entraînent des répercussions considérables sur l’ordre économique mondial. Cet article analyse comment ces conflits, en perturbant les chaînes d’approvisionnement, en générant de l’instabilité financière et en déplaçant des millions de personnes, contribuent à fragiliser l’ordre économique international.
Le poids financier des guerres : une perspective générale
Du point de vue global, la guerre peut être vu comme étant un conflit organisé qui, au-delà de ses dimensions militaires, entraîne des transformations profondes des sociétés, notamment sur les plans économique et social. L’éventail des conflits internationaux s’est considérablement élargi ces dernières années. Loin de se limiter aux affrontements armés traditionnels, les États et les acteurs non étatiques recourent désormais à une panoplie d’outils, qui mêlent des éléments militaires, économiques, informationnels et cybernétiques.
Les implications financières, telles que les dépenses militaires, la reconstruction, et les pertes économiques indirectes, sont des éléments clés à considérer pour comprendre pleinement les conséquences d’un conflit. En effet, l’actualité internationale nous rappelle régulièrement le coût humain et matériel des conflits armés. Par ailleurs, cet article vise à quantifier et à qualifier ces coûts, en mettant en lumière les mécanismes par lesquels les conflits affectent les économies.
D’abord, essayons de voir les couts dit directs. Ces coûts sont les plus facilement quantifiables et incluent les dépenses militaires (achat d’armes, salaires des militaires, entretien du matériel), les coûts de reconstruction (réparation des infrastructures endommagées, reconstruction des bâtiments), l’aide humanitaire (nourriture, médicaments, abris pour les populations déplacées), et les dépenses liées aux opérations de maintien de la paix. D’un autre côté, les coûts indirects sont plus difficiles à mesurer, mais ils ont un impact significatif sur l’économie à long terme. Ils comprennent la perte de productivité due à la mobilisation de la main-d’œuvre pour les efforts de guerre, la diminution des investissements privés en raison de l’incertitude économique, l’augmentation de la dette publique pour financer les dépenses militaires et la reconstruction, et les coûts liés à la prise en charge des réfugiés (hébergement, éducation, soins médicaux).
L’impact des guerres sur l’économie de manière immédiate peut être vu au prisme de quelques faits économiques tels la récession, l’inflation et la dévaluation de la monnaie du pays en question. Les guerres ont en ce sens cette capacite d’entrainer une baisse de la production économique, car les ressources sont détournées vers les efforts de guerre. Cela peut se traduire par une hausse du chômage, une diminution des revenus et une réduction de la consommation.
Elles peuvent également provoquer une hausse des prix, en raison de l’augmentation de la demande pour certains biens (comme les produits alimentaires et l’énergie) et des perturbations des chaînes d’approvisionnement. Ces situations ont, généralement pour conséquence, une perte de confiance dans la monnaie nationale ainsi qu’une augmentation des coûts des importations, ce qui peut obliger les investisseurs à retirer leurs capitaux du pays en question.
Le cas particulier de la guerre en Ukraine
Après avoir posé ce cadre général, nous pouvons nous pencher sur le cas spécifique de la guerre en Ukraine. Voici quelques pistes à explorer :
La guerre en Ukraine a un coût économique considérable pour la Russie. Les sanctions économiques imposées par les pays occidentaux ont porté un coup dur à son économie, en particulier à son secteur énergétique, qui représente une part importante de ses exportations. Les difficultés d’approvisionnement en technologies occidentales, essentielles pour moderniser son industrie, ont freiné également sa croissance. Parallèlement, l’augmentation significative de son budget militaire pour financer l’invasion représente un fardeau financier important. Enfin, le coût de l’occupation de territoires ukrainiens, qui implique le maintien de troupes sur place et la reconstruction des infrastructures détruites, peut être vu comme un fardeau supplémentaire pour le budget russe.
De l’autre côté, l’Ukraine est en train de subir des destructions matérielles sans précédent. Les infrastructures civiles, telles que les usines, les hôpitaux et les logements, ont été massivement endommagées, entraînant une perte de production et une dégradation des conditions de vie de la population. La guerre a également entraîné une baisse des exportations, notamment dans les secteurs agricole et industriel, réduisant ainsi les revenus du pays. Pour faire face à cette situation, l’Ukraine est devenue de plus en plus dépendante de l’aide internationale, tant sur le plan humanitaire que financier.
En effet, la guerre en Ukraine a entrainé des répercussions qui dépassent largement les frontières des deux pays belligérants. Elle a notamment entraîné une hausse des prix des matières premières, en particulier de l’énergie et des céréales, dont l’Ukraine est un important exportateur. Cette hausse des prix a alimenté l’inflation dans de nombreux pays et a pesé sur le pouvoir d’achat des ménages. Par ailleurs, l’incertitude économique engendrée par le conflit a rendu les investisseurs plus réticents à s’engager dans des projets à long terme dans la région, freinant ainsi la croissance économique. Enfin, le risque de propagation du conflit à d’autres régions du monde, notamment dans les pays voisins de l’Ukraine, constitue une menace pour la stabilité internationale.
Christ Jonathan SAINT-JEAN