En 1802, tandis que la plus grande révolution de l’histoire se prépare à Saint-Domingue, des milliers d’officiers désertent l’armée coloniale et opposent une rude résistance contre le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe. Le capitaine Louis Delgrès va s’illustrer dans ce mouvement abolitionniste. Qui est cette personnalité historique ? En quoi consiste son héritage historique dans la mémoire des Caribéens ?
Louis Delgrès voit le jour à Saint-Pierre, en Martinique, en août 1766. Fils d’une mulâtresse, il passe le plus clair de son enfance entre la Martinique et Tobago où son père travaillait comme fonctionnaire du roi. Très jeune, il fait ses preuves dans l’armée révolutionnaire, s’illustrant lors de nombreux combats, notamment contre l’armée britannique à Sainte-Lucie en 1795.
La résistance contre le rétablissement de l’esclavage
Vers la fin du 18e siècle, Louis Delgrès s’oppose frontalement au rétablissement de l’esclavage que veut imposer la métropole dans les anciennes colonies françaises. Il prendra ainsi les armes contre le général Richepance, qui débarque en Guadeloupe le 6 mai 1802, à la tête d’une armée expéditionnaire de 35 000 hommes.
Delgrès exprime sa détermination dans sa proclamation « À l’univers entier : Le dernier cri de l’innocence et du désespoir », où il déclare
« C’est dans les plus beaux jours d’un siècle à jamais célèbre par le triomphe des lumières et de la philosophie qu’une classe d’infortunés qu’on veut anéantir se voit obligée de lever la voix vers la postérité, pour lui faire connaître lorsqu’elle aura disparu, son innocence et ses malheurs… »
Le sacrifice ultime
Liberté ou la mort. L’affrontement entre les deux camps sera cinglant en Guadeloupe. Acculé par les hommes de Richepance, supérieurs en nombre, Delgrès se réfugie avec quelques centaines d’hommes au Fort Charles (aujourd’hui Fort Delgrès) à Basse-Terre, où ils seront pris d’assaut.
Après plusieurs jours de lutte, Delgrès et ses hommes sont contraints d’abandonner le fort pour se retrancher au pied de la Soufrière à Matouba. Ces valeureux révolutionnaires, fervents défenseurs de la liberté, ont trouvé le goût de la mort plus doux que l’esclavage. Le 28 mai 1802, ils se donnent la mort en se faisant sauter avec des barils de poudre à Matouba. Ils auront combattu au péril de leurs vies, bien que l’esclavage soit rétabli quelques jours après leur décès.
Son héritage historique
Par sa bravoure et son héroïsme, Louis Delgrès s’est inscrit dans le panthéon de l’histoire comme un symbole de résistance. Son refus de se soumettre au diktat de Napoléon Bonaparte en luttant contre le rétablissement de l’esclavage, jusqu’à en payer le prix de sa vie, reste à jamais gravé dans la mémoire des Antillais.
De nombreux monuments ont été érigés en son honneur, notamment en Guadeloupe et en Martinique. Chaque année, des activités commémoratives sont organisées en sa mémoire dans les Caraïbes, particulièrement en Guadeloupe.
Son sacrifice a inspiré de nombreux poètes, écrivains, peintres et musiciens dans leurs œuvres. Son combat va au-delà des limites régionales, ayant une influence significative dans les luttes pour le respect des droits humains. Aujourd’hui, son héritage inspire encore de nombreux mouvements de résistance contre l’injustice et le racisme dans la région.