Mettant l’accent sur les travaux littéraires, artistiques et scientifiques de grandes importances à la lumière des heures contemporaines, la chronique « La vie des mots » est l’espace conscient qui diffuse régulièrement les réflexions sensées sur l’art, la poésie, la peinture et la musique. Elle donne sa vitrine comme scène pour incarner l’âme du verbe dans le festival des mots – miroirs de tous les êtres ; en début de cette nouvelle semaine, Frantzley VALBRUN part à la rencontre de « L’étoile d’or » de Herbert Pagani, un créateur omniscient sur le tapis rouge des arts du monde.
Né à Tripoli, en Lybie, le 25 Avril 1944 et mort d’une Leucémie à West Palm Beach, en Floride, aux États-Unis, le 16 août 1988 à l’âge de 44 ans, Herbert Pagani était compositeur, chanteur – interprète, poète, peintre et sculpteur d’origine mixte. Militant à gauche, à côté de François Mitterrand pour la France socialiste, Herbert se définissait lui-même comme un juif Berbère. Venant d’une famille italienne et de la Lybie, il savait faire la synthèse entre la tradition hébraïque et la culture méditerranéenne.
Les chansons interprétées par Herbert Pagani sont dotées d’une grande sensibilité et de finesse. Tout comme les autres textes qui ont fleuri son répertoire, L’étoile d’or était une parole de C. Tondini interprétée par l’artiste.
En interprétant ce texte, on a l’impression que le musicien a toute une encyclopédie de rythme dans sa voix : chaque mot donne une sonorité extraordinaire, chaque verbe est traduit par une émotion qui garde sa plus simple expression ou l’économie d’un fait – je dirais : une histoire déchirante.
En effet, ici, sa préoccupation musicale est très agissante, engagée et factuelle, elle parle à la hauteur des Maux du monde qui interpelle les mémoires :
C’était un pauvre paysan
Qui cultivait depuis longtemps
Son tout petit lopin de terre
Petit lopin de rien du tout,
Rien que du sable et des cailloux,
Quatre sarments sous la lumière.
Dans tout le texte, l’artiste dénonce sans faille les injustices sociales, les ingérences des pays voisins sur d’autres pays. Incommensurable ! Si les années 60 ont été caractérisées par de grands bouleversements socio-politiques précaires, provoqués par les capitalistes, le 21ème siècle qui est [l’ère] des ultra-libéralistes, serait le déclin de son relais épique révolutionnaire, et en perpétuel mouvement. En ce sens, Herbert Pagani en tant qu’artiste – militant de gauche socialiste a bien compris ce jeu, c’est pour cela qu’il a passé toute sa vie à mener le combat pour la liberté des hommes et l’autonomie des peuples. Dans ce texte, il a pris toutes ses positions strictes envers les pratiques politiques qui désengagent l’art de vivre :
Un jour qu’il oignait ses raisins,
Il vit venir tous ses voisins
En cavalcade à ses frontières.
Il vit briller leurs grands couteaux.
Il leur dit : « Voulez-vous de l’eau ? »
Ils répondirent : « On veut ta terre ! »
Ainsi continue le texte :
Ainsi partit le paysan
En traversant la nuit des temps
A la recherche d’une terre.
« Mes bras sont forts, j’ai du courage.
J’accepte même un marécage ! »
Il ne trouva que des barrières.
En faisant cette belle interprétation, sans doute Herbert Pagani arrive à immortaliser son devoir d’être. C’est aussi une forme de communication pour nous dire que l’amour peut se manifester d’autres façons, seule qu’il préférait c’est la musique comme outil d’engagement et de persévérance.
En somme, écouter cette chanson sur la place publique, en famille, dans un coin entre les ami.es, dans un bar – restaurant, à la promenade, au bord de la Mer, au musée où dans un dîner est un signe de communion et d’amour pour la justice sociale, l’équité et le respect pour la bonne marche des communautés. Mais, ce geste symbolique montrera en quelque sorte notre degré de sentiment pour une meilleure harmonie sociale et mutuelle.
Bref, sans perd trop de temps, je vous invite à savourer ce texte :
C’était un pauvre paysan
Qui cultivait depuis longtemps
Son tout petit lopin de terre
Petit lopin de rien du tout,
Rien que du sable et des cailloux,
Quatre sarments sous la lumière.
Cet homme partageait son temps
Entre son Dieu et ses enfants,
Entre son champ et ses prières,
Et n’avait qu’un petit trésor,
Une étoile d’or…
Un jour qu’il soignait ses raisins,
Il vit venir tous ses voisins
En cavalcade à ses frontières.
Il vit briller leurs grands couteaux.
Il leur dit : « Voulez-vous de l’eau ? »
Ils répondirent : « On veut ta terre ! »
« En quoi vous gêne-t-il, mon champ ? »
Ils répondirent : « Allez, va-t’en ! »
Il prit son livre de prières,
Il prit sa femme et ses enfants
Et son étoile d’or…
Ainsi partit le paysan
En traversant la nuit des temps
A la recherche d’une terre.
« Mes bras sont forts, j’ai du courage.
J’accepte même un marécage ! »
Il ne trouva que des barrières.
«T’es pas d’ici, t’as un accent…
Fais-toi prêteur, fais-toi marchand
Mais tu n’auras jamais de terre. »
«On se méfie de ton trésor,
Ton étoile d’or… »
Faute d’avoir un champ de blé,
L’homme se mit à cultiver
Son petit champ dedans sa tête.
On le vit scribe et puis docteur,
Puis violoniste et professeur,
Peintre, savant ou bien poète.
«Tu fais du bruit, tu vends du vent
T’as trop d’idées ou trop d’argent.
T’es un danger pour qui t’approche.»
«On va te coudre sur la poche
Ton étoile d’or…»
Et vint le temps des grands chasseurs,
Des chiens d’arrêt, des rabatteurs.
Ce fut vraiment la grande fête.
Demandez-le aux bons tireurs :
Avec l’étoile sur le cœur,
On traque beaucoup mieux la bête.
Et notre pauvre paysan
Perdit sa femme et ses enfants
Et puis le cœur, et puis la tête…
Il n’avait plus que son trésor,
Son étoile d’or…
Alors il traversa la mer
A la rencontre de sa terre :
C’était ça ou bien se pendre.
«Revendez-moi mon vieux désert !
– Tu sais, ça va te coûter cher.
– Tant pis, je prends.
– Tu peux le prendre.»
Le temps de tracer un sillon,
Un coup de feu à l’horizon…
Il bascula dans la poussière.
Du sang par terre et, sur son front,
Une étoile d’or…
Une étoile d’or…
(Texte) C. Tondini, (interprétation) Herbert Pagani