Pour beaucoup, l’espoir que la jeune génération puisse redonner à Haïti son éclat semble mince. Pourtant, nombreux sont les jeunes, les associations, et les regroupements qui œuvrent sans relâche, apportant chacun leur pierre à l’édifice national. Parmi ces figures de proue, se distingue le Gouvernement Jeunesse d’Haïti, un programme dédié à la promotion du leadership et de la démocratie auprès de la jeunesse haïtienne.
Ce lundi 12 août a marqué la Journée Internationale de la Jeunesse. En Haïti, depuis plusieurs jours, des dizaines d’activités se sont tenues autour de cette date, rendant hommage à la jeunesse. Plusieurs projets et programmes ont été lancés en faveur des jeunes, accompagnés de sessions de réflexion et de foires, témoignant de l’intérêt croissant d’une partie significative de la société civile haïtienne pour cette frange de la population, souvent perçue comme l’avenir du pays.
À l’occasion de cette journée symbolique, plusieurs membres du sixième Gouvernement Jeunesse d’Haïti ont accordé une interview exclusive au journal La Ruche, partageant leurs impressions sur la situation difficile que traversent les jeunes aujourd’hui, et expliquant comment leur initiative, bien que non officielle, pourrait contribuer à raviver l’espoir d’un avenir meilleur pour le pays.
S’affirmant comme un véritable laboratoire de leadership et de dévotion, le GJH incarne l’essence même de l’engagement citoyen, se positionnant comme un modèle inspirant pour les nouvelles générations. Par leur dynamisme, leur vision éclairée et leur volonté inébranlable, ces jeunes leaders insufflent une nouvelle vitalité sur la scène nationale, incarnant une jeunesse résolue à bâtir un futur marqué par la justice, le progrès, et la prospérité pour Haïti.
Stéphanie Sophie Louis : Un parcours de leadership exemplaire
La Jeune Présidente de la République, Stéphanie Sophie Louis, récompensée ce lundi par le GHIP avec quatorze autres “jeunes remarquables”, s’est imposée depuis maintenant deux ans comme l’une des figures les plus prometteuses et influentes de sa génération.
Pour cette jeune politologue, sa mission est limpide : “œuvrer pour que les jeunes Haïtiens se sentent investis d’une responsabilité, celle de contribuer au développement de notre nation, d’entretenir cet esprit démocratique qui, malgré les soubresauts de notre histoire, continue de chercher un moyen de prendre vie.”
“En tant que Présidente du Gouvernement Jeunesse d’Haïti, je suis pleinement consciente de la portée de l’institution que je représente. Loin d’être le Gouvernement officiel, et sans prétendre en avoir la vocation, notre structure, profondément ancrée dans la société civile, a pour mission d’accompagner cette jeunesse, de la soutenir, de susciter en elle l’amour de la patrie, le sens de la participation citoyenne, et l’intérêt pour la chose publique”. – Stéphanie Sophie Louis.
À l’occasion de cette journée, Stéphanie Sophie Louis a tenu à inviter la jeunesse haïtienne à passer à l’action, exhortant chacun à “maintenir à flot la barque nationale” car, selon elle, c’est de l’engagement des jeunes que dépend l’avenir du pays.
“Nous portons en nous la force et la vision nécessaires pour redéfinir notre avenir. Gardons toujours en tête notre objectif ultime : une Haïti unie, juste, et prospère, où chaque citoyen peut s’épanouir pleinement. Ensemble, nous continuerons à faire de nos rêves une réalité, à écrire l’histoire de notre génération avec fierté et détermination.” – Stéphanie Sophie Louis
Frantzcia Denis : Un appel vibrant à l’action
Jeune économiste en devenir, active et engagée pour le bien-être de sa génération, Frantzcia Denis est membre de plusieurs organisations de jeunes, dont Leaders de Demain et JCI. Actuellement, elle occupe le poste de Jeune Ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Action Civique au sein du Gouvernement Jeunesse d’Haïti.
Pour Mlle Denis, l’un des plus grands défis auxquels sont confrontés les jeunes aujourd’hui est le manque de repères et de modèles. Elle estime également que l’État haïtien n’investit pas suffisamment dans des initiatives et programmes visant la formation et l’épanouissement de la jeunesse.
“L’action civique peut servir d’outil puissant pour encourager l’implication des jeunes dans le bénévolat. L’État pourrait mettre en place des programmes incitatifs pour les jeunes, leur permettant de participer activement à la réalisation du bien-être collectif.” – Frantzcia Denis
Selon elle, l’une des missions principales du sixième GJH sera de se rapprocher des communautés, en particulier les plus vulnérables, en lançant une vaste “campagne de sensibilisation sur l’importance de l’engagement civique et citoyen”. Elle annonce par ailleurs son intention d’entreprendre une série d’initiatives, à la fois sportives et intellectuelles, sous le signe de l’engagement, dans le but d’encourager les jeunes à passer à l’action.
“Les activités sportives, qui reposent en grande partie sur l’entraide, peuvent être un moyen efficace de montrer aux jeunes l’importance de l’union et du vivre ensemble, tout en leur faisant comprendre ce qu’ils peuvent accomplir au sein de la société si chacun y met du sien.” – Frantzcia Denis
L’engagement pour transformer les générations futures
Une idée commune à tous les membres du Gouvernement Jeunesse d’Haïti est que l’engagement de la jeune génération est une condition essentielle à la renaissance du pays. Michael Thercio, Jeune Ministre de la Santé Publique et de la Population, partage cette conviction. Pour lui, la jeunesse haïtienne, avec sa force, son dynamisme et sa créativité, constitue “les piliers de l’avenir”.
“La jeunesse n’est pas seulement le futur du pays, elle en est aussi son présent. C’est son engagement aujourd’hui qui façonne les bases de demain.” – Michael Thercio
Cet engagement est également primordial aux yeux de Webster Régistre, étudiant en droit et Jeune Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, qui affirme qu’il est “essentiel d’engager les jeunes” dans la lutte pour la justice sociale.
Ruth Shama Saint-Hilaire, future diplomate et Jeune Ministre des Affaires Étrangères et des Cultes au GJH-VI, partage cette vision. Elle exhorte les jeunes Haïtiens, tant ceux vivant au pays que ceux de la diaspora, à s’investir dans la chose publique et à jouer un rôle actif dans la politique étrangère de la nation.
“Jeunes haïtiens vivant en Haïti, ceux de la diaspora, vous êtes l’espoir du pays. Vous avez des obligations envers cette patrie : intégrez-vous dans les espaces décisionnels, intéressez-vous à la vie nationale et surtout internationale de votre pays. La politique étrangère d’un pays peut être une source de développement alors PARTICIPEZ !” – Ruth S. Saint-Hilaire
Plaidoyer pour une jeunesse modèle
Dans un contexte marqué par de nombreux défis, une assemblée de jeunes de plus en plus conscients de la nécessité d’œuvrer pour le pays rêvé émerge progressivement. Le Gouvernement Jeunesse d’Haïti n’est que l’un des nombreux exemples d’organisations qui, chaque jour, multiplient les initiatives pour apporter un changement concret. Ce mouvement montre qu’au-delà des obstacles, une génération engagée et résolue à construire un avenir meilleur est en train de se former.
Cependant, dans ces temps troublés, marqués par un manque de repères, de nombreux jeunes se livrent à des activités criminelles, reflétant le désespoir et l’instabilité qui règnent dans le pays. Pierre Louis Jean Mathias, Jeune Ministre de la Défense, souligne que le rétablissement de la paix et de la sécurité dépend également de la jeunesse, de son influence et de son engagement à être des modèles positifs.
“La jeunesse haïtienne doit faire en sorte d’éviter les discours violents, que ce soit dans les musiques ou lors des différentes prises de parole, et d’utiliser les réseaux pour faire la promotion d’une société plus sûre.” – Pierre Louis Jean Mathias
Webster Régistre, Jeune Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, appelle également la jeunesse haïtienne à adopter un comportement exemplaire, et à rejeter les comportements d’exclusion qui ont toujours gangrené la société haïtienne.
“Cette exclusion structurelle se manifeste par des formes de rejet, l’utilisation de termes péjoratifs comme ‘nèg andeyò’ ou ‘gwo zòtèy’, des inégalités profondes et des conditions socio-économiques déplorables. Ces réalités illustrent l’étendue de l’injustice sociale qui imprègne la société haïtienne, une situation anormale qui engendre de grandes souffrances. Il est urgent de bâtir une société plus juste socialement.” – Webster Régistre
En poste pour deux ans, les membres de cette sixième édition du Gouvernement Jeunesse d’Haïti entendent faire de ce programme plus qu’une simulation. À côté d’un riche programme d’action prévu, leur objectif est de “faire en sorte que les jeunes haïtiens se sentent investis d’une responsabilité, celle de contribuer au développement de notre nation”.