Telle une tempête impitoyable balayant notre terre bien-aimée, l’histoire agitée d’Haïti a souvent été marquée par les vents violents de luttes et les vagues dévastatrices de l’adversité. Depuis des décennies, nous naviguons à travers des périodes de tumultes politiques, de catastrophes naturelles dévastatrices, de crises économiques déstabilisantes, et aujourd’hui de violences infernales. À chaque tourbillon, nous nous sommes accrochés à l’espoir fragile que demain sera peut-être mieux, cherchant la lumière au cœur des ténèbres. Aujourd’hui, alors que les nuages sombres de l’incertitude obscurcissent notre horizon, n’est-il pas temps de nous demander si, une fois de plus, nous ne pouvons émerger de cette tempête collective avec une détermination renouvelée et une vision commune pour notre avenir?
Certains jours, nous nous réveillons avec l’impression d’une fin imminente. Et pour certains d’entre nous, les plus infortunés, la fin est vraiment arrivée. Comment ne pas perdre espoir lorsque, sans que nous ne soyons en guerre, notre pays compte plus de 2 500 morts et blessés en seulement trois mois? Chaque jour, nous affrontons un océan d’incertitudes où même le simple acte de parcourir les rues, à la recherche de provisions vitales, représente un péril mortel. Dans cet environnement d’instabilité perpétuelle, peut-on seulement espérer ériger un simple avenir pour notre patrie?
Nos cœurs saignent d’une douleur partagée, notre désir ardent de prospérité et de paix résonne comme un écho dans les ténèbres. Mais alors que nous aspirons tous au même idéal, pourquoi semblons-nous nous égarer inexorablement sur le chemin de la déchéance? Sommes-nous condamnés à être perçus comme les parias de ce monde? Sommes-nous véritablement incapables de nous unir sous la bannière de notre héritage commun, reconnaissant que cette terre est notre berceau, notre présent et notre destin?
S’il est une interrogation qui, lorsqu’elle me traverse l’esprit, suscite l’étonnement, c’est celle de l’origine de ces criminels qui assaillent nos journées et nous tourmentent la nuit. Ces jeunes qui brandissent aujourd’hui ces armes, sont-ils intrinsèquement mauvais ? Ou bien est-ce notre société qui les a corrompus ? Et surtout, pouvons-nous espérer les réhabiliter ? Est-il judicieux d’opter pour une réponse purement militaire afin de les contrer ? Pour beaucoup d’entre nous, confrontés quotidiennement à cette violence, le temps n’est plus aux débats nationaux. L’urgence commande des actions. De tout façon, avons-nous déjà, ne serait-ce qu’une seule fois depuis 1804, engagé un débat sincère sur le devenir de notre nation ?
Contrairement à ce que bon nombre d’entre nous pensons, même dans la tourmente, une nation de 14 millions d’âmes ne saurait simplement s’éteindre. Notre pays peut aujourd’hui vivre une tragédie silencieuse, cette litanie de destins brisés, de rêves perdus dans les abysses de l’oubli, mais il survivra. Les fils et filles d’Haïti, contraints de s’exiler, éparpillés par milliers à travers les continents, sont les témoins muets de notre désespoir collectif. Quant à ceux qui demeurent, pour la plupart, figés dans une réalité de désespoir, regardent trop souvent le ciel tout en sachant que l’acier glacé des avions reste un mirage lointain, un futur qui leur est inatteignable. C’est peut-être là la seule raison pour laquelle ils sont encore ici, parmi nous. Mais au-delà de cette amertume, une question brûle dans nos cœurs meurtris : sommes-nous prêts à nous battre pour eux, ceux qui ont perdu tout espoir ?
Se battre aujourd’hui ne consisterait pas à brandir les armes de la violence, mais à lever l’étendard de l’espoir, à insuffler une lueur de vie dans les ténèbres qui nous assaillent. C’est un appel à l’audace d’espérer, à la créativité, à la résilience. Notre nation, malgré ses cicatrices profondes, bat encore le rythme de la vie. Elle attend, tapie dans l’ombre de l’incertitude, que nous lui insufflions un souffle nouveau, que nous lui montrions la voie vers un avenir meilleur. C’est dans cette tempête déchaînée que réside notre plus grand défi et notre plus grand espoir : celui de croire en la possibilité d’un renouveau, de forger un destin digne de notre grandeur passée, de notre résilience présente et de notre vision future.
En fin de compte, la boussole de notre destinée nationale pointe toujours vers l’horizon de l’espoir. Malgré les tempêtes qui nous assaillent et les défis qui se dressent devant nous, nous avons encore le pouvoir de naviguer vers un avenir radieux. Il nous suffit d’oser investir dans notre propre potentiel, de redécouvrir l’amour pour notre terre natale et de raviver la flamme de notre patriotisme.
Haïti, cette île bénie de Dieu et de ses loas, a toujours été destinée à être le grand empire de la liberté, l’avant-garde de l’égalité et le bastion de la fraternité. Il est temps pour nous de reprendre le gouvernail de notre destinée, de nous battre pour ces idéaux nobles qui ont animé nos ancêtres et qui continuent de brûler dans nos cœurs. Alors, c’est bien à vous que je le demande, mes chers compatriotes : Et si on essayait vraiment?
Un vrai appel à la conscience citoyenne.
Un bon travail, C’est du lourd.