Dans ce nouveau numéro de la chronique « La vie des mots », présentée par Frantzley Valbrun dans le désormais Journal La Ruche, nous avons le plaisir de redécouvrir le vœu secret de l’âme d’un chanteur-interprète exceptionnel : Charles Aznavour. Artiste français de renommée internationale, doté d’une grande finesse musicale et d’une culture variée, Aznavour chante l’amour et l’engagement dans “Camarade” comme un refrain dans les grandes messes des mots, immortalisant de précieux souvenirs.
Introduit par une mélodie intense mêlant style classique et émotion, ce morceau naît d’une versification unique où chaque phrase incarne la frénésie des mots. Chaque verbe témoigne du sens caché des émotions, ré-enchantant la beauté des gestes inoubliables.
Marqué par l’esprit de l’amitié et animé par une vivacité inégalée, ce texte est une invitation à l’amour et à la liberté. Pour les mélomanes nostalgiques des beaux jours passés, il constitue une perle rare, une “eau-de-vie” qui donne envie de savourer l’aube à sa plus fine expression.
En écoutant cette chanson, on a l’impression d’être dans un musée – peut-être le cœur d’un homme ou d’une femme – où chaque émotion exprimée est comme un diamant, une pièce en or qui capte toute notre curiosité. Pour l’artiste, le mot “Camarade” symbolise le cheminement irréversible de nos vies, marqué par le charme des années folles, non pas pour préserver la vie ou adopter une posture conservatrice, mais pour embrasser fermement l’engagement comme une flamme allumée pour le bonheur des autres. Comme le disait le poète tunisien Abou Kacem Al Chebbi, ce morceau est pour “les ambitieux et ceux qui aiment affronter les dangers”. Plongez dans ces paroles :
“Camarade
Tu étais mon seul ami, mon camarade
Tous les deux nous avons fait des barricades
Les maquis, les commandos, les embuscades
Mon camarade.”
Chaque phrase est une exploration d’un fait marquant, un spectacle sur une réalité d’autrefois qui garde la mémoire secrète de l’artiste :
“Camarade
Un dimanche en défilant à la parade
Je t’ai vu soudain là-bas sur une estrade
Tu étais visiblement monté en grade
Mon camarade.”
Pour saisir chaque moment de la narration musicale, il faut prêter une attention particulière à la position des verbes, acteurs au cœur du jeu ; leur rôle est de faire ressortir les messages au public, depuis le lieu des articulations des sens – point de repère de tous les dits :
“Camarade
Moi ici j’ai pris mon parti des brimades
Nous dormons tout habillés, les nuits sont froides
L’important c’est de ne pas tomber malade
Mon camarade.”
Et encore :
“Camarade
C’est fini j’arrête ici mes jérémiades
À bientôt, qui sait, dans une ou deux décades
Et je signe comme au temps de nos gambades
Ton camarade.”
En somme, écouter cette chanson en ces temps de crise où l’humanité est rétrogradée, entourée de honte et bombardée par la méchanceté exponentielle, est une preuve d’amour et de gratitude pour la pérennisation de la vie et l’harmonie des âmes, première richesse de ce monde complexe. En proposant ce joyau, le fameux chanteur-interprète Charles Aznavour nous donne la clé pour ouvrir la porte de l’amour et de l’amitié, tout en tenant haut le flambeau de l’engagement comme un vœu à la vie qui nous aidera à rester humain – ou même angélique. Sauvetage !
Mesdames, messieurs, dégustons ce merveilleux morceau :
Camarade
Tu étais mon seul ami, mon camarade
Tous les deux nous avons fait des barricades
Les maquis, les commandos, les embuscades
Mon camarade.
Camarade
Un dimanche en défilant à la parade
Je t’ai vu soudain là-bas sur une estrade
Tu étais visiblement monté en grade
Mon camarade.
Camarade
Les plus grands venaient te donner l’accolade
Ce n’était que mains serrées et embrassades
Ça donnait une impression de mascarade
Mon camarade.
Camarade
Moi ici j’ai pris mon parti des brimades
Nous dormons tout habillés, les nuits sont froides
L’important c’est de ne pas tomber malade
Mon camarade.
Camarade
Je ne vois qu’un petit coin de ciel maussade
Et les murs qui défieraient toute escalade
Ce n’est pas une prison d’où l’on s’évade
Mon camarade.
Camarade
Le matin c’est la relève des brigades
À midi c’est l’heure de la promenade
Et la nuit on fait des rêves d’escapade
Mon camarade.
Camarade
J’ai appris qu’ils t’ont donné une ambassade
Quelque part à Caracas ou à Belgrade
Plus tu montes plus, tu vois, je rétrograde
Mon camarade.
Camarade
C’est fini j’arrête ici mes jérémiades
À bientôt, qui sait, dans une ou deux décades
Et je signe comme au temps de nos gambades
Ton camarade.
Tu étais mon seul ami, mon camarade
Tous les deux nous avons fait les barricades
Les maquis, les commandos, les embuscades
Mon camarade.
Né le 22 mai 1924 à Paris, Charles Aznavour était un chanteur-interprète français d’origine arménienne. Issu d’une famille d’artistes, son père, Mischa Aznavourian, était baryton, et sa mère, Knar Baghdassarian, comédienne. Ils avaient fui le génocide arménien de 1915. Dès l’âge de 9 ans, Charles passe ses premières auditions, intègre le Théâtre du Petit Monde et fait ses premières apparitions sur scène dans de petits rôles.
Pour une nouvelle direction de carrière, il faut attendre 1942 et sa rencontre avec Pierre Roche, auteur-compositeur. En 1946, Édith Piaf, séduite par son talent, lui propose de l’accompagner en tournée en France et aux États-Unis (1947-1948). En 1948, plusieurs de ses titres voient le jour : J’ai bu, Départ et Express. En 1956, lors d’un récital à Casablanca, il donne son premier concert à l’Olympia l’année suivante et écrit Sur ma vie, son premier succès. En 1960, il dévoile le titre Je m’voyais déjà, suivi des succès Tu t’laisses aller (1960), Les comédiens (1962), La Mamma (1963), Et pourtant (1963), For Me Formidable (1964), La Bohème (1965), et Comme ils disent (1972).