Haïti traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire récente, marquée par l’effondrement des institutions, l’absence d’État de droit et la montée en puissance des groupes armés. Parmi les figures emblématiques du chaos actuel, un ancien policier, autrefois au service d’un système corrompu, s’est imposé comme un acteur central de la violence. Désormais à la tête de « G9 an Fanmi e Alye », il incarne une coalition tristement célèbre connue sous le nom de « Viv Ansanm », qui sème la terreur dans la capitale haïtienne et au-delà, dans une lutte de pouvoir sans fin où la loi du plus fort règne.
Mais qu’est réellement « Viv Ansanm » ? Une bande armée semant le désordre ou une tentative maladroite et dangereuse de se constituer en force politique ? La question demeure.
À travers des interviews et des déclarations publiques, l’ancien policier laisse entrevoir ses ambitions : devenir le dirigeant du pays, prétendant défendre « les intérêts du peuple ». Pourtant, derrière cette rhétorique, la réalité est tout autre. Ce mouvement, qui revendique l’unité nationale, utilise la peur comme principal outil de gouvernance dans les quartiers qu’il contrôle. Assassinat, extorsion, déplacement forcé de populations : telle est la monnaie d’échange de ce groupe qui prétend incarner un idéal de changement.
Ce rêve de pouvoir, porté par des gangs armés, est un affront direct à l’esprit de Dessalines, le père fondateur de l’indépendance haïtienne. En 1804, Jean-Jacques Dessalines et ses compagnons d’armes ont mené une lutte acharnée, non pour détruire leurs pairs ou plonger leur pays dans la peur, mais pour offrir un avenir de liberté et de dignité à tout un peuple. Leur but était noble : abolir l’esclavage, affirmer l’égalité entre tous les citoyens et construire une nation indépendante. Aujourd’hui, cet héritage est trahi par ceux qui se présentent comme des sauveurs, mais ne font que renforcer la détresse et la désillusion du peuple haïtien.
Haïti est confrontée à une réalité effrayante : des gangs armés, protégés par une fierté mal placée, se posent en victimes tout en rendant le peuple haïtien, déjà accablé par des décennies de mauvaise gouvernance, encore plus vulnérable. Ces bandits armés, qui cherchent à se réinventer en hommes politiques, se nourrissent de l’échec des dirigeants passés et actuels, eux-mêmes souvent accusés d’être des gangs sans armes. Mais peut-on vraiment envisager de céder la direction du pays à ceux qui ont détruit la vie de milliers de familles et forcé des millions d’Haïtiens à fuir leur propre terre ?
La réponse est évidente. Ce qui se déroule en Haïti actuellement n’est pas une révolution, mais une dérive. Le peuple haïtien mérite mieux que des chefs de gang déguisés en sauveurs. Il mérite une véritable renaissance, un retour à la vision d’un Dessalines qui se battait pour la vie, et non pour le chaos. Dessalines n’était pas un meurtrier se déguisant en messie ou en combattant de la liberté pour se faire pardonner. Il était un visionnaire, un bâtisseur de justice, prêt à tout pour offrir un avenir meilleur à son peuple. La lutte de Dessalines n’avait rien à voir avec l’oppression de ses pairs. Elle incarnait l’espoir et la résilience. Aujourd’hui, plus que jamais, Haïti a besoin de retrouver cet esprit, de se réapproprier cet idéal de courage et de justice. Ce n’est qu’à ce prix que le pays pourra sortir de cette spirale infernale et honorer la mémoire de ses véritables héros.
Mannley Castel M.D